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Refuser de travailler pour les entreprises polluantes : la conscience écologique des étudiant·es de l’élite scolaire face à leurs valeurs du travail

Article du n°166-167 de la revue Travail et Emploi

La volonté de sélectionner écologiquement son employeur·se se confronte, notamment dans les écoles de commerce, à des modes de valorisation du travail en contradiction avec une approche éthique du travail.

En mars 2018, un groupe d’étudiant·es de grandes écoles lance un « Manifeste étudiant pour un réveil écologique » qui réunit plus de 30 000 signataires issu·es d’établissements particulièrement sélectifs de l’enseignement supérieur ainsi que de filières moins prestigieuses. En parallèle, le groupe se propose d’évaluer la responsabilité environnementale des grandes entreprises pour guider les signataires dans le choix de leur futur·e employeur·se. Au-delà du succès de la pétition, nous cherchons à analyser, dans cet article, les difficultés à mettre en oeuvre, concrètement, le refus de travailler pour les entreprises polluantes. La volonté de sélectionner écologiquement son employeur·se se confronte, notamment dans les écoles de commerce, à des modes de valorisation du travail en contradiction avec une approche éthique du travail. De plus, les signataires les plus impliqué·es dans la cause de l’écologie préfèrent se détourner de l’emploi dans les grands groupes et privilégier les secteurs non marchands. 

Mots-clés : travail, mobilisations collectives, écologie, marché de l’emploi, étudiant·es

Refusing to Work for Unecological Companies
The Ecological Consciousness of Elite School Students vis-à-vis their Work Values

In March 2018, a group of elite school students launched a petition to select employers based on their environmental responsibility. The Student Manifesto for an Ecological Awakening gathered more than 30,000 signatories from the most selective schools in higher education and, to a lesser extent, from less prestigious schools. This initiative proposed to evaluate the environmental responsibility of large corporate groups and to provide signatories with information to guide their career choices. Beyond the success of the petition, in this article we analyze the difficulties confronted when refusing to work for polluting employers. We show that the proposal to select companies according to environmental criteria is challenged by work expectations that are antagonistic to an ethical choice of employment, particularly for students in business schools. Furthermore, we show that signatories who are most involved in ecological issues turn away from employment in large groups in favour of non-profit sectors.

Keywords: work, collective mobilizations, ecology, labour market, students
JEL: Q5, J62, D71

Revue Travail et Emploi N°166-167