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Les conditions de la mobilisation collective des intermittents du spectacle et des salariés de grandes librairies et de centres d'appel

Cette étude porte sur les modalités d’apparition et de développement de mobilisations collectives dans le secteur du commerce de produits culturels, les centres d’appel et parmi les intermittents du spectacle.

Chacun de ces trois terrains concerne des situations spécifiques où une proportion significative de salariés est marquée, à des degrés divers, par la précarité soit des statuts soit des emplois. Le rapport au travail y est également différencié de même que la protection dont bénéficient les salariés.

Les salariés interrogés des grandes surfaces culturelles et des centres d’appel expriment une forte insatisfaction par rapport à leur emploi d’autant plus qu’ils y ont fréquemment investi des compétences pour lesquelles ils attendaient une forme minimale de reconnaissance.

Les intermittents du spectacle témoignent d’un rapport beaucoup plus positif à leur métier, mais son exercice serait rendu plus aléatoire par les réformes en cours de leur statut. Certaines des mobilisations étudiées ont donné lieu à l’élaboration de formes d’organisation alternatives, comités ou coordinations, qui sont entrées en concurrence voire en conflit avec les syndicats préexistants. L’étude montre cependant que, non seulement ces formes alternatives sont fréquemment soumises aux mêmes difficultés de recrutement et de pérennisation des engagements que les syndicats, mais elles se voient cantonnées, par leur absence de reconnaissance institutionnelle, à la seule posture protestataire.

Dans les trois secteurs, l’organisation collective s’avère problématique, car entravée par une multiplicité de difficultés inhérentes tant aux formes et conditions d’emploi qu’aux caractéristiques propres du recrutement.

Les auteurs soulignent donc, que l’on ne peut conclure à un dépérissement inéluctable de la forme syndicale et à son remplacement par d’autres formes d’organisation. Fréquemment perçue avec ambivalence, la forme syndicale n’en reste pas moins une référence centrale et structurante.