En 2017, les contrats temporaires (CDD ou intérim) représentent plus de neuf embauches sur dix. Ils sont en grande majorité de durée très courte : 80 % sont de moins d’un mois. Le recours à ces contrats temporaires est relativement uniforme d’un secteur à l’autre. Toutefois, si l’industrie et la construction privilégient l’intérim, le tertiaire recourt plutôt aux CDD de moins d’un mois, notamment dans des secteurs bénéficiant des CDD d’usage. Le recours aux CDD de moins d’un mois est plus fréquent chez les femmes et s’intensifie avec l’âge.
Depuis le début des années 2000, le recours aux contrats temporaires a fortement augmenté
Le recours aux contrats temporaires (Contrats à durée déterminée -CDD- et intérim) a fortement augmenté en France depuis les années 1990. Ainsi, au sein des entreprises de 10 salariés ou plus, la part des CDD dans les embauches est passée de 69 % en 2000 à 86 % en 2017 (graphique 1a). Cette hausse résulte d’une part d’une forte diminution de la durée des contrats sur la période, avec un accroissement du nombre de CDD très courts, et d’autre part d’une diffusion des CDD dans l’économie. La part des CDD dans l’emploi total est ainsi passée de 6,8 % en 1993 à 9,5 % en 2017 (graphique 1b). La part de l’intérim a également progressé sur la même période. Quand on considère l’ensemble des contrats temporaires, leur part dans l’emploi a crû de cinq points depuis 1993, passant de 7 à 12 %
Graphique 1a : part des CDD dans les embauches (en %)
Graphique 1a et 1b
En 2017, plus de neuf embauches sur dix se font en contrat temporaire
En 2017, les CDI représentent moins d’un nouveau contrat sur dix (7 %). Plus de la moitié des flux d’embauches (52 %)
concernent des missions d’intérim et 41 % se concluent sous forme de CDD (graphique 2a). La répartition est quasiment identique pour les fins de contrats (graphique 2b), avec 53 % pour l’intérim, 40 % pour les CDD et 7 % pour les CDI.
Observer les sorties de l’emploi plutôt que les entrées présente l’avantage de connaître précisément la durée des contrats ou des missions d’intérim échus (notamment dans le cas de renouvellement de CDD), sans différences structurelles notables avec les embauches. En moyenne, parmi les contrats rompus au moment de leur arrivée à terme, ceux de très courte durée sont majoritaires. Ainsi en 2017, plus de 8 CDD sur 10 et plus de 9 missions d’intérim sur 10 durent moins d’un mois. Environ 1 % des ruptures de contrat correspondent à des CDD qui ne sont pas menés à leur terme (démission, rupture conventionnelle…), soit 3 % de l’ensemble des fins de CDD.
Graphiques 2a et 2b : Structure des embauches et des fins de contrat par nature de contrat en 2017
Graphique 2a et 2b
Les CDD de moins d’un mois sont concentrés dans le secteur tertiaire, l’industrie et la construction mobilisant massivement l’intérim
Les CDD de moins d’un mois représentent près d’un tiers des fins de contrat en 2017. Ils sont concentrés dans le secteur tertiaire, leur utilisation étant marginale (autour de 1 %) dans l’industrie et la construction (graphique 3). Ces deux secteurs ont cependant massivement recours à des missions d’intérim de moins d’un mois : c’est le cas pour 83 % des fins de contrat dans l’industrie et 73 % dans la construction. La proportion de contrats temporaires de moins d’un mois (intérim et CDD confondus) est ainsi très proche entre ces trois grands secteurs : les contrats de très courte durée y représentent autour de 80 % des contrats rompus, à l’exception notable des secteurs de la finance et de l’immobilier.
Dans le détail, les secteurs ayant le plus recours aux CDD très courts sont ceux de l’information et de la communication (en particulier dans l’édition, l’audiovisuel et la diffusion), ainsi que le secteur de l’administration, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale (qui inclut celui des arts et spectacles). Parmi les secteurs du tertiaire, les transports se distinguent par des recours aux contrats très courts proches de l’industrie, à savoir une part marginale de CDD de moins d’un mois, mais une utilisation intensive des missions d’intérim de très courte durée (autour de 80 %).
Un recours important aux contrats temporaires très courts peut indiquer des pratiques fréquentes de réembauche dans certains secteurs. Cette pratique a augmenté fortement depuis le début des années 2000 et concerne particulièrement les embauches en contrats courts : d’après l’Unédic, 84 % des embauches en CDD d’un mois ou moins sont des réembauches (c’est-à-dire que l’employeur fait appel à un ancien salarié plutôt qu’à un nouveau), contre seulement 46 % de réembauches sur l’ensemble des types de contrats hors intérim. Du point de vue des salariés, ceux qui n’obtiennent ni CDI ni CDD de plus d’un mois cumulent en moyenne 3,5 CDD par trimestre en 2017, ce qui indique effectivement une récurrence en contrats très courts pour cette population.
Graphique 3 : part des contrats de moins d’un mois parmi les fins de contrat en 2017 (en %)
Graphique 3
La moitié des CDD arrivés à terme durent moins de 6 jours
La durée médiane des contrats temporaires, CDD et intérim confondus, est de 5 jours (graphique 4). Plus de 20 % des contrats durent un jour seulement, et 90 % des contrats durent moins de 39 jours. Les durées des contrats temporaires sont proches pour l’industrie et le tertiaire, et semblables à la moyenne ; elles sont plus longues dans le secteur de la construction.
Pour les CDD, la durée médiane sur l’ensemble des secteurs est de 6 jours (graphique 5). Plus de 20 % des CDD n’ont duré qu’une journée. Cela inclut notamment, mais pas uniquement, des contrats d’usage en vigueur dans les secteurs autorisés, par exemple l’hôtellerie-restauration ou l’audiovisuel. La durée médiane des CDD est nettement plus longue dans l’industrie (61 jours) et dans la construction (117 jours) que dans le tertiaire (5 jours), ce qui est lié à un recours moins important aux CDD très courts dans ces deux premiers secteurs.
Dans le tertiaire, la durée des CDD est cependant fortement hétérogène. Les secteurs où les CDD d’usage sont
autorisés concentrent les CDD les plus courts : dans l’hôtellerie-restauration et dans le secteur des arts et spectacles, en 2017, près de la moitié des CDD durent une seule journée. Les secteurs de la santé et celui des autres activités spécialisées (incluant notamment la publicité, la photographie, la traduction…) recourent également souvent à des CDD d’une seule journée. À l’inverse, des durées beaucoup plus longues sont observées dans d’autres secteurs du tertiaire : la durée médiane des CDD arrivés à terme est ainsi de 212 jours dans les télécommunications ou de 177 jours dans la recherche et développement scientifique.
La durée médiane des missions d’intérim, tous secteurs confondus, est de 5 jours, soit assez proche de celle des CDD (6 jours). Cette durée est cependant beaucoup moins dispersée que celle observée pour les CDD : les trois quarts des missions d’intérim ont ainsi une durée comprise entre 1 et 13 jours, tandis que la durée correspondante s’étale de 1 à 27 jours pour les CDD. Comme pour les CDD, les durées médianes des missions d’intérim dans le secteur tertiaire sont inférieures à celles de l’industrie et de la construction. En revanche, les écarts de durée entre secteurs sont moindres pour l’intérim que ceux observés pour les CDD : en particulier, les distributions des durées des missions d’intérim sont comparables entre l’industrie et le secteur tertiaire.
Graphique 4 : distribution de la durée des contrats temporaires (CDD et intérim) en 2017 (en jours)
Graphique 4
Graphique 5
Graphique 6 : distribution de la durée des CDD arrivés à terme dans les secteurs du tertiaire en 2017 (en jours)
Graphique 7 : distribution de la durée des missions d’intérim arrivées à terme en 2017 (en jours)
Les salariés en CDD très courts
Pris dans leur ensemble, les contrats temporaires très courts (CDD ou missions d’intérim de moins d’un mois) représentent une part équivalente dans les fins de contrats des hommes et des femmes, d’environ 80 %. Cependant, alors que les CDD de moins d’un mois représentent près de la moitié (46 %) des fins de contrats des femmes, ce n’est le cas que d’une fin de contrat sur cinq (21 %) pour les hommes. La situation est inverse pour les missions d’intérim de moins d’un mois, près de deux fois plus fréquentes pour les hommes que pour les femmes (60 % contre 34 %).
La part des contrats courts pris dans leur ensemble est également assez proche pour toutes les tranches d’âge, mais avec des différences de répartition entre les CDD et l’intérim. Les missions d’intérim de moins d’un mois concernent plutôt les jeunes de moins de 25 ans, et leur poids dans les fins de contrat diminue avec l’âge. Au contraire, la part des CDD de moins d’un mois augmente avec l’âge : 29 % des fins de contrats des 15-24 ans sont des CDD de moins d’un mois, contre 45 % pour les 55 ans ou plus. Au sein-même de cette dernière tranche d’âge, le poids des CDD augmente encore avec l’âge, les 60 ans ou plus étant ceux pour qui le recours au CDD est le plus fréquent. Pour autant, les 55 ans ou plus ne représentent que 12 % des fins de CDD très courts, alors que les 15-24 ans, qui ont des mouvements plus fréquents liés aux débuts de carrière, concentrent près d’un quart des fins de CDD très courts, alors qu’ils représentent moins de 10 % des personnes en emploi.
Structure des fins de contrat en 2017 en fonction de l’âge et du sexe
Sur le même sujet
- 20 septembre 2023
- Document d'études N° 270
- 14 septembre 2023
- Dares Focus N° 50
- 7 septembre 2023
- Dares Indicateurs N°48