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Second rapport du comité scientifique de l’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences

Le comité scientifique d’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a publié un premier rapport en octobre 2020 pour présenter le plan et ses enjeux. Ce deuxième rapport permet d’en faire un premier bilan, à mi-parcours d’un horizon de cinq ans.

Le comité scientifique d’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a publié un premier rapport en octobre 2020 pour présenter le plan et ses enjeux. Nous manquions alors de recul pour évaluer une action qui ne prenait sa force qu’à partir de 2019, avec la montée en charge des formations et des premiers programmes spécifiques. Ce deuxième rapport permet d’en faire un premier bilan, à mi-parcours d’un horizon de cinq ans.

Il constate d’abord un déploiement rapide et important de la formation des personnes en recherche d’emploi : en 2019, on observe 100 000 entrées supplémentaires en stages de la formation professionnelle de plus qu’en 2017 et un peu plus de 100 000 entrées dans des programmes nouveaux, créés par le PIC, et destinés à accompagner les chômeurs les moins diplômés dans une démarche d’accès à la formation. Ainsi, le taux d’accès à la formation des demandeurs d’emploi un an après leur inscription est passé de 8% à 11%. Malheureusement, et sans surprise, cet élan a été brisé par la crise sanitaire. En 2020 si le nombre total d’entrées en stages de formation s’est maintenu, c’est en raison de la montée en charge du CPF autonome, qui a compensé la baisse des formations proposées par les Régions ou par Pôle emploi. Ceci est lié à la fois aux effets directs du confinement, malgré l’effort des organismes de formation pour fournir des solutions de continuité, et au fait qu’une part importante des formations proposées notamment par Pôle emploi préparent directement à des embauches qui n’avaient plus lieu.

Mais l’ambition du PIC n’est pas seulement quantitative, elle vise à faire évoluer en profondeur un système complexe, en renforçant les logiques de parcours, en faisant évoluer l’offre de formation plus rapidement, en améliorant sa qualité et en amenant davantage les moins diplômés à la formation. Il faut le dire : c’est un projet ambitieux, qui veut dépasser les limites du Plan « 500 000 formations supplémentaires » de 2016. Des évolutions structurelles dans un système aussi complexe s’inscrivent nécessairement dans la durée et prendront du temps. Or, là encore, ce temps a été perturbé par la crise.

En étudiant en détail quelques secteurs, et en examinant des statistiques d’ensemble, le comité scientifique a observé une bonne résistance du système de formation pendant la crise : il a notamment su recourir aux outils numériques pour conserver le contact avec les stagiaires pendant les confinements. C’est une direction qui était encouragée par le PIC : elle s’est trouvée accélérée, mais dans l’urgence. Il est difficile de savoir aujourd’hui ce qu’il en restera dans la durée. Les parcours de formation ont été organisés à travers différentes actions, comme le programme Prépa compétences, la modularité et les transitions ont été encouragées. Nous en voyons des traces : la proportion de personne en recherche d’emploi qui suivent plusieurs formations dans une année a augmenté de presque un tiers. Mais dans le même temps, l’horaire total de formation par personne évolue peu. Enfin, les moins diplômés, cible du programme, voient leur accès à la formation augmenter, mais pas davantage que les autres catégories. Un important effort est mené pour articuler accompagnement et formation au profit de ces personnes, mais il est difficile de faire évoluer des logiques personnelles et l’organisation des parcours en peu de temps.

Afin de travailler sur des données consolidées, nous avons pris le parti de ne pas analyser l’année 2021 qui est en cours. Cette année présente la particularité, avec la reprise qui s’amorce, de remettre le PIC dans la perspective qui avait présidé à sa conception : répondre à une forte demande de travail. Les débats sont vifs au sujet des besoins de main-d'œuvre. On peut douter que la formation continue suffise à résoudre des difficultés structurelles de recrutement, qui sont susceptibles de refléter en grande partie un problème d’attractivité. En revanche, elle peut servir à accompagner des évolutions, des transitions des secteurs en déclin vers des secteurs en développement. La période qui s’ouvre devrait présenter ce défi au système de formation, et on peut espérer que le déploiement du PIC permettra d’y faire face plus efficacement.

Des modifications ont été apportées au rapport le 23 novembre 2022. Retrouvez le détail en page 2.