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Quand le travail perd son sens

L’influence du sens du travail sur la mobilité professionnelle, la prise de parole et l’absentéisme pour maladie

Le manque de sens affecte-t-il les comportements des salariés en matière de mobilité professionnelle, de propension à se syndiquer et d’absentéisme ?

Soumis à des objectifs chiffrés, des procédures rigides et des réorganisations fréquentes, les salariés considèrent souvent que leur travail perd son sens. Comment réagissent-ils à ces difficultés ? Cherchent-ils plutôt à partir pour trouver un meilleur emploi, ou bien à agir collectivement pour influencer les pratiques managériales ? Quel est le lien entre l’évolution du sens du travail et le nombre de jours d’absence pour maladie ?

Les économistes ne s’intéressent que depuis peu de temps à la question du sens du travail, et n’en ont pas de définition consensuelle. Après avoir examiné la littérature en économie et en gestion, nous proposons une définition originale du sens du travail en référence à la théorie critique du « travail vivant » et à la psychodynamique du travail. L’analyse du panel 2013-2016 de l’enquête Conditions de travail (qui comporte près de 17 000 salariés), montre qu’un faible sens du travail en 2013 est nettement associé à un changement d’emploi (l’exit) entre 2013 et 2016. Quand on corrige les problèmes d’endogénéité, il est également associé à la prise de parole collective (voice, ici l’adhésion à un syndicat) sur la même période. L’évolution du sens du travail a également un impact très significatif sur la variation du nombre de jours d’absence pour maladie.