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Les répercussions de la crise sanitaire sur les mouvements de main-d’œuvre

Parmi les motifs de rupture de CDI, les fins de période d’essai réagissent très rapidement à la situation sanitaire et à la mise en place du confinement.

Le nombre d’embauches diminue fortement entre le 10 et le 20 mars 2020

Durant les 10 premiers jours de mars, le nombre d’embauches dans le secteur privé (hors agriculture, intérim et particuliers employeurs) reste relativement comparable à celui observé sur la période équivalente de 2019 (graphique 1)1. Cependant à partir du 10 mars, et plus encore à partir du 12 mars (jour de la première allocution du Président de la République), le nombre de contrats signés commence à diminuer nettement par rapport à celui observé en 2019. Cette baisse est progressive jusqu’aux alentours du 20 mars. À partir de cette date et jusqu’à la fin du mois, le nombre de contrats signés représente environ 40 % du nombre de contrats signés en 2019 à la même période (un peu moins de 30 % pour les seuls CDI).

Les ruptures de CDI pour fin de période d’essai réagissent fortement à la situation sanitaire

Parmi les motifs de rupture de CDI, les fins de période d’essai réagissent très rapidement à la situation sanitaire et à la mise en place du confinement. Dès le 13 mars, les fins de période d’essai à l’initiative de l’employeur augmentent fortement, jusqu’à être plus de 2,5 fois supérieures à leur niveau de 2019 (soit environ 2 000 ruptures de plus par jour). Les ruptures de périodes d’essai à l’initiative du salarié ne commencent à diminuer qu’à partir du 17 mars (date de la mise en place d’un confinement), pour s’établir à la fin du mois à 25 % environ du niveau qu’elles atteignaient à une période comparable en 2019. Sur l’ensemble du mois, le nombre de ruptures pour fin de période d’essai est supérieur de 6 % à celui observé en mars 2019. Les départs en retraite sont également en hausse de 5 % par rapport à leur niveau de mars 2019.

De leur côté, les ruptures conventionnelles – dont la mise en place nécessite une autorisation explicite du Ministère du Travail – restent, tout au long du mois de mars 2020, à un niveau comparable à celui observé en mars 2019 : elles font probablement l’objet d’une demande d’homologation datant d’avant le confinement. Les démissions et les licenciements diminuent quant à eux à partir du 17 mars : sur la seconde quinzaine du mois, leurs niveaux sont respectivement de l’ordre de 65 % et 85 % de ceux observés sur une période comparable de 2019.

Au total, le nombre de fins de CDI en mars 2020 s’établit à un peu plus de 90 % du niveau atteint en mars 2019.

Moins de fins de CDD en mars 2020 par rapport à 2019 mais une nette augmentation du nombre de ruptures anticipées de CDD entre le 14 et le 20 mars

Les fins de CDD de plus d’un mois augmentent très fortement entre le 14 et le 20 mars, du fait de la multiplication des ruptures anticipées de CDD. Elles culminent le 16 mars jusqu’à un niveau environ 3,5 fois plus élevé que celui enregistré à une date équivalente en 2019 (soit environ 7 000 par jour entre le 14 et 20 mars 2020, contre 3 000 par jour l’année précédente). Au cours des dix derniers jours du mois de mars, les fins de CDD de plus d’un mois rejoignent progressivement des niveaux comparables, voire inférieurs, à ceux de 2019.

De leur côté, durant la première moitié de mars, les fins de CDD de moins d’un mois demeurent très proches des niveaux atteints en 2019. Elles diminuent ensuite, pour avoisiner 50 % de leur niveau de 2019 sur la deuxième quinzaine du mois, en lien avec la forte baisse des embauches en CDD.

Au total, le nombre de fins de CDD en mars 2020 s’établit à 75 % environ du niveau atteint en mars 2019.

1 - Pour neutraliser les effets calendaires, l’analyse est réalisée en comparant des jours similaires de mars 2020 et mars 2019. Par exemple, les deuxièmes lundis du mois sont comparés entre eux (9 mars 2020 et 11 mars 2019). Le début de mois et la fin de mois sont particulièrement intenses en flux de main-d’œuvre et sont donc traités différemment selon le type de mouvement. Plus précisément, la valeur affectée au 1er mars 2020 est la somme du 1er, 2 et 3 mars 2020 ; elle est comparée à la somme du 3, 4 et 5 mars 2019. Pour les fins de contrat, la valeur affectée au 31 mars est la somme du 27, 30 et 31 mars 2020 (et comparée à la somme du 29, 30 et 31 mars 2019), alors que pour les embauches, les 28, 29, 30, 31 mars sont respectivement comparés aux 23, 24, 25 et 26 mars 2019. Enfin, le nombre d’embauches et le nombre de fins de CDI des samedis et dimanches correspondent aux moyennes observées sur les week-ends : ce principe permet de lisser les séries, le nombre de mouvements étant particulièrement faible le dimanche.