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Coup d’arrêt de l’emploi dans l’aéronautique et le spatial en 2020

Sommaire
Près de la moitié des salariés du secteur en activité partielle de longue durée fin 2020.

L’activité dans l’aéronautique et le spatial s’est brusquement arrêtée au début de la crise sanitaire avec un très fort recours au chômage partiel. L’activité partielle longue durée (APLD), fortement mobilisée par le secteur, concerne près de la moitié (24 000) des salariés en activité partielle à la fin de 2020. Au tout début de la crise, l’emploi a moins reculé que dans l’industrie ou dans l’ensemble de l’économie mais il n’a pas rebondi à l’été. L’aéronautique représente 8 % des ruptures de contrat envisagées en 2020 (soit 6 000 ruptures) dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi alors que le secteur n’en avait initié aucun en 2019.

Avant la crise sanitaire, l’emploi du secteur de l’aéronautique était très dynamique : il a augmenté de 25 % entre 2007 et 2019, soit une croissance annuelle moyenne d’environ +1,7 % contre -1,0 % dans l’industrie et +0,2 % dans le secteur privé non agricole (encadré).

Un recours massif et prolongé à l’activité partielle et une mobilisation importante de l’APLD

Alors que la pratique était quasi inexistante avant 2020, près de la moitié des salariés du secteur sont placés pour au moins une heure en activité partielle au mois de mai 2020 (graphique 1, 48 %). Bien que le recours à l’activité partielle reflue un peu durant l’été, il reste bien plus élevé que dans le reste de l’industrie fin octobre (16 % contre 5 %).

Ce recours est important dans toutes les activités du secteur ; toutefois, c’est dans la réparation et la maintenance d’aéronefs et d’engins spatiaux qu’il a été le plus fort (63 % des salariés concernés en mai 2020 contre 49 % dans la construction aéronautique et spatiale et 34 % dans la fabrication d’équipements d’aide à la navigation).

Le secteur mobilise en outre le dispositif d’activité partielle longue durée (APLD) dès le mois d’octobre : sur les trois derniers mois de l’année 2020, environ la moitié des effectifs en activité partielle le sont au titre de l’APLD.

FIGURE 1 | Taux de recours à l’activité partielle en 2020

Un recul continu du volume d’emploi

Le volume d’emploi dans l’aéronautique s’est moins contracté durant les premiers mois de la crise que dans l’ensemble de l’industrie ou du secteur privé (graphique 2), essentiellement parce que ce secteur mobilise moins de contrats courts que les autres. En mai 2020, il y est ainsi inférieur de 2,6 % à son niveau de mai 2019, contre environ 5 % dans l’industrie et le secteur privé. Alors que l’emploi rebondit dans le secteur privé et l’industrie dès le mois de juin, la baisse s’accentue dans l’aéronautique. À compter de septembre 2020, le recul du volume d’emploi est plus marqué dans l’aéronautique que dans l’industrie et le secteur privé (-6,5 % sur un an en octobre 2020 contre -2,7 % et -1,5 %).

FIGURE 2 | Glissement annuel du volume d’emploi en 2020

Le volume d’emploi en CDI dans l’aéronautique, est systématiquement en dessous de son niveau de 2019 depuis août 2020 (graphique 3). Il diminue alors davantage que dans le secteur privé mais cependant moins que dans l’industrie où il se replie chaque mois depuis mars.

FIGURE 3 | Glissement annuel de l’emploi en CDI en 2020

Les évolutions du volume d’emploi sont nettement plus contrastées s’agissant de l’emploi temporaire. Dans l’aéronautique, la baisse amorcée en mars se poursuit tout l’été, atteignant en octobre 2020 un niveau inférieur de 49 % à celui d’octobre 2019 (après -20 % en avril). Au contraire, la baisse s’atténue à partir du début de l’été dans l’industrie et le secteur privé (jusqu’à atteindre respectivement -10 % et -7 % sur un an en octobre 2020 après -30 % et -27 % en avril graphique 4).

FIGURE 4 | Glissement annuel de l’emploi temporaire (CDD et intérim) en 2020

L’effondrement des embauches et un nombre inédit de plans de sauvegarde de l’emploi

Les embauches s’effondrent en 2020 par rapport à 2019 (graphique 5), avec, dans l’aéronautique comme ailleurs, un repli de presque 70 % en avril 2020. Dans l’aéronautique, elles sont encore très loin de leur niveau de 2019 en octobre 2020 (-41 % sur an), alors que la baisse s’atténue entre août et octobre dans l’industrie et le secteur privé.

FIGURE 5 | Glissement annuel des embauches en 2020

Au-delà de cet effondrement des embauches, 29 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) sont initiés en 2020 dans l’aéronautique, pour 52 établissements et environ 6 000 ruptures de contrats envisagées, ce qui représente 8 % des ruptures de contrat envisagées dans l’ensemble des PSE de cette période. En 2019, sur cette même période, aucun plan n’avait été engagé dans le secteur.

Cette étude repose sur l’exploitation des déclarations sociales nominatives en 2020. Ces déclarations de paie reçues mensuellement permettent de connaître le détail des caractéristiques associées aux contrats et celles liées aux salariés. Le secteur de l’aéronautique et spatial est défini ici comme l’ensemble des établissements dont l’activité est la construction aéronautique et spatiale, la fabrication d’équipements d’aide à la navigation et la réparation et maintenance d’aéronefs et d’engins spatiaux.

Pour saisir les variations conjoncturelles fines, on s’intéresse ici au volume d’emploi mesuré comme le nombre de jours passés sous contrat, en comptabilisant les emplois intérimaires mobilisés par l’aéronautique. Avec cette mesure, la part du volume d’emploi en CDI est plus importante dans l’aéronautique que dans l’ensemble de l’industrie ou du secteur privé 88 % en 2019 contre 83 % dans
l’industrie et 79 % dans le privé).