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Comment est calculé le montant du Smic ?

Au 1er janvier de chaque année, le montant du Smic est revalorisé automatiquement sur la base de l’inflation et de l’indice des salaires de base des ouvriers et employés produit par la Dares.

En France, au 1er janvier 2022, 14,5 % des salariés français sont rémunérés autour du Smic, le salaire minimum interprofessionnel de croissance, soit 2,5 millions de personnes. En dehors des revalorisations discrétionnaires du gouvernement (« coup de pouce »), le montant du Smic est revalorisé de façon automatique chaque année, au 1er janvier ; et si l’inflation est particulièrement rapide pendant l’année, il est aussi automatiquement revu à la hausse – c’est pour cette raison qu’en 2022, le Smic a été relevé trois fois. 

Au 1er janvier 2023, la revalorisation annuelle automatique porte le Smic brut à 11,27 €, ce qui correspond à un salaire mensuel net d’environ 1 353 €.

Mode de calcul, prise en compte des éléments conjoncturels, « coup de pouce »…: Michael Orand, chef de la mission Analyse économique de la Dares, nous explique comment sont calculés le Smic et ses revalorisations.

Le Smic est l’acronyme pour Salaire minimum interprofessionnel de croissance. De quoi parle-t-on exactement ?

Michael Orand : Comme son nom l’indique, le Smic correspond à un niveau de rémunération minimale qui s’applique à tous les salariés du privé (« interprofessionnel »). Il a été créé en 1970, à la suite des accords de Grenelle de mai 1968, qui avaient abouti à une forte augmentation de ce qu’on appelait alors le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) : le mécanisme de revalorisation de ce dernier, basé uniquement sur l’inflation, n’était plus satisfaisant puisqu’il ne prenait pas en compte l’évolution du salaire moyen.

Relèvements du Smic et proportion de salariés concernés

La valeur du Smic est recalculée tous les ans au 1er janvier. Pourquoi ?

Michael Orand : Cela permet de poursuivre les deux objectifs fixés au Smic, à savoir la garantie du pouvoir d’achat des salariés d’une part et une forme de partage de la croissance d’autre part. Concrètement, le calcul s’appuie sur deux indices. Tout d’abord, celui de l’inflation, plus précisément la progression de l’indice des prix à la consommation (IPC) produit par l’Insee. En pratique, c’est l’indice des prix hors tabac affectant les 20 % des ménages les plus modestes qui est retenu : il faut savoir que celui-ci évolue plus vite que l’indice des prix pour l’ensemble des ménages, car la part de l’énergie et de l’alimentaire dans le budget des ménages modestes est plus importante. Ensuite, le second indice pris en compte est celui du salaire horaire de base des ouvriers et employés (SHBOE), qui est élaboré par la Dares à partir de l’enquête sur l’activité et les conditions d’emploi de la main d’œuvre (Acemo) – cf. ci-dessous.

 

 

(i) la progression de l’indice des prix à la consommation hors tabac du 1er quintile des ménages (IPCHTQ1) ;
(ii) la moitié du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et employés (SHBOEréel), parfois dénommé « demi-pouvoir d’achat » du SHBOE. 
Chaque terme est pris en compte uniquement si sa valeur est positive.

 


 

En quoi pouvons-nous dire que le Smic protège le pouvoir d’achat ?

Michael Orand : La règle expliquée ci-dessus assure qu’au moins une fois par an, le Smic est augmenté pour neutraliser l’inflation qui aurait eu lieu dans l’année. C’est en cela qu’on peut dire que le Smic protège le pouvoir d’achat des personnes qui sont rémunérées à ce niveau.

Une deuxième disposition vient renforcer ce mécanisme : si l’inflation est particulièrement rapide pendant l’année – comme en 2022 –, on n’attend pas forcément le 1er janvier pour revaloriser le Smic. En pratique, dès que l’inflation des 20 % des ménages les plus modestes a atteint 2 % depuis la date de la dernière revalorisation, on procède à une nouvelle revalorisation en fonction de la hausse des prix, toujours pour protéger le pouvoir d’achat du Smic. C’est pour cette raison qu’en 2022 le Smic a déjà été relevé trois fois, le 1er janvier, le 1er mai et le 1er août.


Conformément à la loi du 3 décembre 2008, un groupe d’experts indépendants – et pour lequel la Dares est rapporteur – est chargé chaque année de remettre au Gouvernement et à la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP) un rapport analysant l’impact du salaire minimum interprofessionnel de croissance sur l’économie française. Quel rôle joue-t-il dans la fixation du niveau du Smic ?

Michael Orand : Le groupe d’experts n’intervient pas directement sur la fixation du niveau du Smic mais a un rôle consultatif : dans le rapport qu’il remet chaque année, il établit un bilan économique du marché du travail et fait des recommandations fondées sur ce bilan. Elles portent notamment sur la pertinence de donner ou non un coup de pouce à la hausse du Smic, et sur le niveau adéquat de ce coup de pouce le cas échéant.
Ce rapport est également l’occasion de publier des études plus approfondies sur le Smic lui-même, sur ses bénéficiaires, ainsi que sur ses effets économiques, comme sur la compétitivité et la pauvreté par exemple.