Publication

L’élasticité de l’offre de travail des femmes

Repères méthodologiques et principaux résultats pour la France

La mesure de la sensibilité de l’offre de travail des femmes est un champ d’analyse peu unifié, laissant de nombreuses questions méthodologiques et empiriques ouvertes. Ce Document d’études dresse dans une première partie un panorama des méthodes adoptées afin de donner des points de repère pour aider à la compréhension des stratégies d’estimation retenues dans les travaux empiriques. La deuxième partie fournit une synthèse des estimations récentes de l’élasticité de l’offre de travail des femmes en France ; elle identifie les principaux résultats convergents et les questions restant en suspens.

L’offre de travail des femmes fait l’objet d’une abondante littérature empirique, mais ses élasticités sont peu souvent explicitées. Leur estimation par des approches structurelles a l’avantage d’être non biaisée et généralisable, mais elle repose souvent sur une description simplifiée de l’environnement décisionnel. L’estimation à partir de quasi expériences, lors de la mise en place ou de la réforme de mesures publiques, est robuste, elle requiert un nombre limité d’hypothèses, mais son champ d’application est restreint aux mesures impliquant des changements exogènes ou s’en rapprochant et les résultats ne sont en général pas transposables à des populations plus larges que celles étudiées.

Les élasticités calculées pour la France au cours des quinze dernières années à partir de modèles structurels sont pour la plupart issues d’offres de travail à choix discret. Bien que les diverses spécifications adoptées dans les études conduisent à une relative dispersion des valeurs, les résultats convergent sur plusieurs points : l’offre de travail des femmes est plus élastique à leur salaire que celle des hommes, elle est plus élevée pour les femmes en couple et les mères de jeunes enfants que pour les femmes seules et les femmes sans enfant. Les résultats divergent en revanche sur la sensibilité de l’offre de travail des femmes en couple à l’offre de travail de leur conjoint, ce qui témoigne des difficultés à modéliser les interactions stratégiques au sein des ménages.