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Effet de la durée maximale d'indemnisation du chômage sur le retour à l'emploi et sur sa qualité

Lorsque la durée d’indemnisation est portée de 7 à 15 mois, la part d’allocataires qui ont repris un emploi pendant les 10 premiers mois de chômage diminue de l’ordre de 6 points et la stabilité de l’emploi retrouvé et le salaire versé ne sont pas significativement améliorés.

Selon les modèles standards de recherche d’emploi, des allocations chômage plus généreuses ralentissent les sorties du chômage et accroissent la qualité de l’emploi retrouvé. Cette étude teste empiriquement l’impact d’un allongement de la durée maximale d’indemnisation à l’assurance chômage en mobilisant une nouvelle source de données où sont appariées à un niveau individuel les listes de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi et les déclarations d’emploi des entreprises, source dite FH-DADS. Cette nouvelle source permet de caractériser le temps passé en emploi avant l’épisode de chômage, de mieux repérer les reprises d’emploi parmi les sorties des listes de Pôle emploi et de mesurer la qualité de l’emploi retrouvé (stabilité et salaire versé).

L’effet de la durée maximale d’indemnisation est estimé en comparant le devenir de nouveaux allocataires des filières 2 et 3 de l’assurance chômage entre 2000 et 2002. Sur cette période, lorsqu’un nouvel allocataire avait travaillé entre 6 et 8 mois pendant l’année précédant son entrée au chômage, il était indemnisé pendant une durée maximale de 7 mois (filière 2). Lorsqu’il avait travaillé au-delà de 8 mois sur l’année précédente, il pouvait être indemnisé pendant 15 mois (filière 3). Les allocataires des filières 2 et 3 représentent 28% des nouveaux allocataires sur la période 2000-2002. Ils sont plus jeunes, moins qualifiés et occupaient, avant leur inscription sur les listes, des emplois moins stables et moins rémunérateurs que la moyenne des nouveaux allocataires. L’estimation menée dans cette publication porte donc sur une population particulière des allocataires de l’assurance-chômage.

L’effet causal d’un doublement de la durée maximale d’indemnisation est estimé en comparant le devenir des allocataires de la filière 2 qui auraient été en filière 3 s’ils avaient travaillé un mois de plus (i.e. allocataires ayant travaillé entre 7 et 8 mois) et le devenir des allocataires de la filière 3 qui auraient été en filière 2 s’ils avaient travaillé un mois de moins (i.e. allocataires ayant travaillé entre 8 et 9 mois). Cette procédure d’estimation, connue sous le nom de « régression discontinue », suppose pour être valide que la répartition des allocataires autour du seuil de 8 mois puisse être considérée comme aléatoire. Elle suppose donc que les allocataires qui avaient travaillé entre 7 et 8 mois et entre 8 et 9 mois aient des caractéristiques observables proches (en termes de sexe, âge, niveau de formation, emplois antérieurs…), ce qui est vérifié ici. Elle suppose aussi que les allocataires de la filière 3 n’ont pas cherché à travailler davantage pour atteindre exactement le seuil d’éligibilité de la filière la plus généreuse. Si ce type de comportement était fréquent, le nombre d’allocataires ayant travaillé un peu plus de 8 mois serait sensiblement supérieur au nombre d’allocataires ayant travaillé un peu moins de 8 mois, ce qui n’est pas le cas.

Les résultats de l’estimation montrent que lorsque la durée d’indemnisation est portée de 7 à 15 mois : - la part d’allocataires qui ont repris un emploi pendant les 10 premiers mois de chômage diminue de l’ordre de 6 points, - la stabilité de l’emploi retrouvé et le salaire versé ne sont pas significativement améliorés.

L’impact de l’allongement de la durée maximale d’indemnisation sur le retour à l’emploi se décompose en un effet constant sur toute la période et un effet concentré avant l’expiration des droits.


The effect of potential unemployment benefits duration on unemployment exits to work and on job quality.

According to standard job search theory, generous unemployment benefits tend to slow down exits from unemployment and to increase job quality of new matches. In our study, we query those effects in a new French data set, merging both unemployment and employment registers. This new data set enables us to construct good measures of exit to employment and job quality and observe past employment duration. In the French system, if past employment duration is under or over certain thresholds, the unemployed may receive benefits over a shorter or longer period. We exploit those discontinuities in the French eligibility system in a regression discontinuity design. We verify that the unemployed do not seem to precisely manipulate this forcing variable and we find a causal effect of unemployment benefits duration on the exit rate to employment, but no significant effects on subsequent employment duration and starting wage.